Superstitions de table

Certains des gestes et des incidents qui, à table, sont réputés porter bonheur ou malheur possèdent une lointaine justification.
Si le sel renversé "porte malheur", c'est parce qu'il coûtait autrefois très cher, mais aussi parce qu'il a toujours été, dès la plus haute antiquité, un symbole d'amitié et de bienvenue.
Offrir du sel et du pain reste un geste d'accueil  traditionnel dans nombre de pays.
En revanche, le geste de lancer une pincée de sel par-dessus son épaule pour conjurer le mauvais sort relève de la pure superstition, et comme l'écrivit Léon de Fos : "Ma foi, l'essentiel, c'est que point ne tombe le sel dans la compote ou dans le crème!"
Pour les Danois, faire tomber du sel provoque la chance.

Les couteaux croisés, autre porte-malheur, évoquent aussi bien l'instrument du supplice de Saint André que le geste homicide de croiser le fer avec un ennemi.
Si vous faites tomber une fourchette, vous aurez la visite d'une femme et si vous déposez un couteau seul sur une table, la visite d'un homme.

Pourquoi faut-il briser la coquille d'un oeuf à la coque après l'avoir mangé?
Cette règle de politesse remonte à l'Antiquité : les Romains, à une époque où les pratiques de magie faisaient grand usage des coquilles d'oeufs, pensaient éviter les charmes qui auraient pu leur être jetés en n'offrant pas à leurs ennemis un moyen de maléfice.

Mettre le pain sur le dos, autre croyance des campagnes surtout. Cette superstition remonterait au Moyen Âge, époque à laquelle les boulangers mettaient la part de pain destinée au bourreau à l'envers...
Mais aussi en Angleterre, des pains unis dans un four annoncent un mariage.
Dans le yorkshire, les ménagères disent que si le pain ne lève pas c'est qu'il y a ou va y avoir un mort dans le voisinage. Également, couper les deux extrémités du pain ferait entrer le diable dans la maison.
Dans l'Ouest de la France, une coutume populaire veut que l'on fasse de la pointe du couteau un signe de croix sur l'envers du pain.

L'ail...Il protégerait du mauvais oeil, des serpents, des malheurs.

Casser du verre blanc porterait bonheur, sauf si on l'a fait exprès...Autant de morceaux pour autant d'années de bonheur...

Pourquoi vous marierez-vous dans l'année (ou aurez-vous une fille, si vous êtes déjà marié) quand on verse dans votre verre la dernière goutte d'une bouteille?
On y a vu une allusion à la pauvreté qui s'abat sur l'homme marié ou sur celui qui a trop de fille à marier et à doter.

Par contre, le vin renversé sur la table est un présage de bonheur, en souvenir des antiques libations.

Quant à la présence de treize convives à table, elle est considérée comme néfaste en souvenir de la Cène, où, sur les treize convives, Judas, le traître, se pendit, et le Christ fut mis en croix.

Parmi les superstitions populaires attachées aux aliments, citons le chou, qu'il ne faut pas manger le jour de la Saint-Étienne, parce que le saint, selon la légende, se cacha dans un champ de choux pour tenter d'échapper à ses persécuteurs.
Le melon, disait-on, donnait la fièvre en automne, et les confitures étaient censées fermenter lorsque les arbres fruitiers se mettent à fleurir.

Quant aux poignées de riz que les Italiens et les Américains jettent traditionnellement sur les jeunes mariés à leur sortie de l'église, c'est une coutume que l'on rencontre également au Japon, symbolisant l'abondance des provisions.

Le thé est associé à la richesse et au courage. Brûler des feuilles de thé amène la richesse.
Le thé entre dans la composition de nombreux charmes visant à obtenir fortune et prospérité et également dans la confection d'amulettes apportant force et agilité.
Répandre des feuilles de thé devant sa maison éloignerait les mauvais esprits...
Une feuille de thé qui flotte à la surface de la boisson annoncerait l'arrivée d'un visiteur : un homme si la tige est dure, une femme si la tige est tendre, la personne sera grande ou petite selon la taille de la feuille.