Naissance et culture de l'endive ou chicon
Écoutons Jean Claude nous parler du chicon
Naissance et culture de l'endive ou chicon par Jean-Claude
L’or blanc Belge, celui qui veut connaître l’origine précise du chicon ou «witloof», cet «or blanc» du Brabant, s’aventure sur un terrain historique plutôt glissant. Il sera confronté à un fait dû au hasard, datant de la période au cours de laquelle la Belgique conquit son indépendance.
Je ne cultive pas les endives, mais j'achète les carottes et je les prépare en cave...
Après la récolte, achats ou maraude, il faut parer les carottes d’endives, pour ce faire, il faut nettoyer le collet des carottes.
En effet...
C’est pendant les jours troublés de la Révolution de septembre 1830 que l’agriculteur schaerbeekois Jan Lammers déserta sa ferme. Lorsqu’il revint, il constata non sans étonnement que les racines de chicorée qui se trouvaient dans la cave et qu’il avait recouvertes d’une couche de terre avaient donné des feuilles blanches. Il décida d’y goûter et trouva cela bon. La chicorée sauvage au goût amer, qui dans l’Ancien Monde poussait le long des routes, qu’au premier siècle avant notre ère, Horace appelait «chicoreum» et que Théophraste, trois siècles plus tôt, désignait sous le nom de «chicorion », allait, grâce à diverses méthodes de sélection et divers petits secrets de culture, devenir un légume délicieux, un produit d’exportation très demandé et une source de devises appréciée du Trésor public.
Plantation
Récolter de la terre
Par exemple de la terre de taupinière, elle est ramollie par les taupes et prête à l’emploi.
Préparer un box ou seau ou un autre récipient étanche.
La
racine de chicorée fut également utilisée comme «amer» ou succédané du
café car ce dernier ne fit son apparition sur le marché que vers la fin
du XIXe siècle. Cette apparition tardive était due au blocus
continental de 1802, décidé par Napoléon. Le blocus entrava fortement
le commerce britannique avec l’Europe et, par conséquent, l’importation
du café. En 1775, deux médecins français, Harpong et Bruneau, avaient,
toutefois déjà trouvé un procédé permettant de griller et de moudre les
racines purifiées. Ils contribuèrent aussi à l’apparition des premières
usines de torréfaction de chicorée, appelées «asten » en Flandre
occidentale. Le produit fini portait le nom de «chicorée» ou «amer».
Les blocus de la Première et de la Seconde Guerre Mondiale incitèrent
les familles belges, privées de café, à se lancer dans la torréfaction
artisanale.
Parer les carottes, ôter les feuilles abîmées, de façon à laisser la pousse uniquement.
Tailler les carottes de façon à obtenir la même longueur.
Barbe-de-capucin, le plus ancien précurseur du chicon actuel fut décrit par Rembert Dodonée, un savant du XVIe siècle, dans son célèbre Cruyde Boeck, comme un légume appartenant à la famille de l’endive. Dans son Dictionnaire d’Agriculture de 1751, La Chesnaye était déjà arrivée à un stade plus avancé lorsqu’il parlait de la culture de la «barbe-de-capucin», inspirée de la culture française du champignon. Dans des caves sombres, les racines étaient recouvertes de 30 centimètres de fumier et, après vingt-cinq jours, des feuilles blanches apparaissaient. Ces pousses, «uytspruytsels» comme les appelait Dodonée, furent bientôt des mets très appréciés qui, en 1846, figuraient toujours sous le nom de «barbe-de-capucin» sur les marchés bruxellois.
Ranger les carottes par couches successives, entre chaque couche placer un peu de terre.
Recouvrir le tout de terre. Mettre en cave à l’obscurité
complète, si nécessaire mettre une feuille de plastique noire sur le
bac.
Arroser régulièrement. Il est possible de préparer
plusieurs bacs, dans ce cas, arroser uniquement le bac que l’on
souhaite faire fructifier, les autres restent à sec. De ce fait on
étale la production.Un bac contient 50 carottes...
Quelques
semaines après, (en fonction de la température) les pousses sortent de
terre, on récolte au fur et à mesure des besoins.
Il existe d’autres méthodes, culture dans l’eau, dans la sciure de bois, mais rien de tel que les chicons de pleine terre.
Ce
qui était arrivé à Lammers arriva bientôt aux autres agriculteurs. Vers
1840, il y eut, en effet, une surproduction de racines de chicorée, due
à la mauvaise récolte des betteraves. Entassées dans des granges et des
étables obscures, les racines se mirent rapidement à germer et à donner
des polisses jaunâtres.
De la «barbe-de-capucin» au savoureux
chicon, il n’y avait plus qu’un pas à franchir. En 1850-1851, dans les
caves du Jardin Botanique de Bruxelles, le cultivateur en chef
Breziers, de Schaerbeek, s’attachait à faire blanchir ou jaunir des
légumes apparentés à la chicorée sauvage. Il plaçait les racines
verticalement, côte à côte, les recouvrait ensuite de terre mélangée à
du fumier de cheval et les arrosait. Bientôt apparurent les premières
pousses de witloof ou chicon. C’en était fini de la «barbe-de-capucin»,
qui n’était plus cultivée qu’en cave, sans terre. Le witloof ou chicon
nécessitait, en revanche, de la terre la pleine terre. Breziers mourut
en 1858. Sa veuve déménagea pour Merksem-Anvers et c’est là qu’elle
dévoila le secret de son mari au jardinier de la famille Moretus.
Le nouveau légume.
Recylage des déchets
Deux
ans plus tard, le père Joseph Lekeu entreprit de sélectionner des
racines de chicon. L’essor du chicon pouvait commencer. Le père Lekeu
aurait vendu ses premiers chicons de pleine terre en 1867 sur le marché
bruxellois. Selon une autre source, cette primeur se situerait quatre
ans plus tard. Elle devrait toutefois être attribuée au cultivateur
schaerbeekois De Koster. C’est lui, en effet, qui aurait vendu les
premiers chicons à un pharmacien habitant au 21 de la rue Royale, à
Bruxelles. La femme de ce dernier aurait payé 15 centimes une livre de
chicons.
Le «nouveau légume» fut très rapidement apprécié comme
gourmandise et son succès commercial était assuré. En 1872, un
commerçant dégourdi exportait déjà les premiers chicons en France,
tandis que ce légume continuait de susciter l’étonnement à l’Exposition
Agricole de Gand, l’année suivante. Chez nos voisins du Sud, le chicon
avait, entre-temps, été baptisé «endive» et, pour en indiquer la
provenance, on y avait ajouté la mention «Witloof en Belgique».
Mais
ce qui vaut, par exemple, pour les raisins de serre et les asperges
belges vaut incontestablement pour le chicon, à savoir que les
«endives» françaises n’arrivent pas, pour la qualité, à la cheville du
produit des spécialistes belges. Ces derniers travaillent surtout en
famille, ce qui explique le soin apporté aux cultures et à la
sélection, même si le chicon n’est plus tout à fait aujourd’hui un
légume de saison.